Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

têtes chargées de plumes, leurs longs manteaux de bison flottant au vent, gouvernant les chevaux avec les genoux, les guerriers indiens avaient une apparence belliqueuse capable d’inspirer la terreur aux hommes les plus résolus. Les Français les reçurent intrépidement, bien qu’ils fussent assourdis par les cris horribles que poussaient leurs ennemis et aveuglés par les longues flèches barbelées qui pleuvaient comme grêle autour d’eux.

Mais les Apaches, pas plus que les Français, ne voulaient une escarmouche. D’un commun accord, ils se précipitèrent les uns sur les autres à l’arme blanche.

Au milieu des guerriers indiens, à son long panache et aux plumes d’aigle plantées dans sa touffe de guerre, il était facile de reconnaître l’Ours-Noir. Le chef excitait les siens à venger leurs précédentes défaites, en s’emparant de la Casa-Grande. Alors s’engagea un de ces terribles combat des frontières américaines, dans lesquels on ne fait pas de prisonniers, et qui, pour l’acharnement qu’y mettent les deux partis et les cruautés dont ils se rendent coupables, rendent toute description impossible. Les bolas perdidas[1], la baïonnette et la lance étaient les seules armes que l’on employait. Ce combat, pendant lequel les Indiens étaient incessamment renforcés, durait depuis deux heures déjà, et les défenseurs des barricades se faisaient résolûment tuer sans reculer d’un pouce.

Commençant à espérer que les indiens, fatigués

  1. Instrument de combat composé de deux boules de plomb placées aux deux extrémités d’une courroie.