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d’autres édifices dont les traces sont encore distinctes, car un peu en arrière il existe une construction ayant un étage et divisée en plusieurs parties.

L’édifice est bâti en terre, et, d’après ce que l’on voit, en murs de torchis et en blocs de différentes grandeurs ; il avait trois étages au-dessus du sol ; mais depuis longtemps la charpente intérieure a disparu.

Les salles, au nombre de cinq à chaque étage, n’étaient éclairées, à en juger par ce qui reste, que par les portes et des trous ronds pratiqués dans les murailles qui regardent le nord et le sud.

C’était par ces ouvertures que l’homme Amer, el hombre Amargo, ainsi que les Indiens nomment le souverain aztèque, regardait le soleil à son lever et à son coucher afin de le saluer.

Un canal, presqu’à sec maintenant, arrivait de la rivière et servait à fournir de l’eau à la ville.

Aujourd’hui ces ruines sont tristes et désolées ; elles s’émiettent lentement sous les efforts incessants du soleil, dont les rayons incandescents les calcinent, et elles servent de refuge aux hideux vautours fauves et aux urubus, qui y ont élu leur domicile.

Les Indiens évitent avec soin de fréquenter ces parages sinistres, dont une superstitieuse terreur, que cependant ils ne peuvent expliquer, les éloigne malgré eux.

Aussi le guerrier comanche, sioux, apache ou pawnie, que les hasards de la chasse ou toute autre cause fortuite auraient amené aux environs de cette ruine redoutée, dans la nuit du quatrième au cinquième jour de la lune des cerises — Champasciasoni, c’est-à-dire un mois environ après les événe-