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Comanches. Le détachement de guerre de mon frère sera divisé en deux parties : l’une, sous le commandement du Moqueur, s’embusquera de l’autre côté du fleuve, afin de couper la retraite aux Apaches ; l’autre entrera dans l’hacienda avec la Tête-d’Aigle afin de soutenir les visages pâles ; des guerriers yoris sont cachés dans l’îlot, à deux portées d’arc de la grande hutte ; ils accompagneront le Moqueur.

— Bon, répondit la Tête-d’Aigle, il sera fait ainsi que le désire mon frère.

Les deux chefs prirent congé et se retirèrent.

Belhumeur expliqua alors au comte les arrangements dont il était convenu avec le sachem comanche.

— Diable ! fit Monsieur de Lhorailles, je vous avoue que je n’ai pas la moindre confiance dans les Indiens. Vous savez que la trahison est leur arme favorite.

— Vous ne connaissez pas les Comanches, surtout vous ne connaissez pas la Tête-d’Aigle. Je prends sur moi la responsabilité de tout.

— Agissez donc à votre guise ; je vous dois trop pour contrecarrer vos intentions, surtout lorsque vous croyez agir dans mon intérêt.

Belhumeur alla lui-même avertir le capataz du changement survenu dans les dispositions de défense.

Le Moqueur et cent cinquante guerriers, accompagnés de quarante peones, traversèrent aussitôt la rivière et furent s’embusquer dans les palétuviers de la rive opposée, prêts à paraître au premier signal.

Une dizaine de Français, la Tête-d’Aigle et la se-