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mes est certainement la Tête-d’Aigle ; quant à l’autre, je ne le connais pas.

— Et votre avis est ?

— De les introduire. Puisque cet Indien, qui paraît être un chef, vient en compagnie de la Tête-d’Aigle, il ne peut être qu’un ami.

— Soit donc.

Le comte fit un signe : on abaissa le pont-levis, les deux chefs entrèrent.

Les sachems indiens saluèrent les assistants avec cette dignité naturelle qui les distingue, puis la Tête-d’Aigle, sur l’invitation de Belhumeur, rendit compte de sa mission.

Les Français l’écoutaient avec une attention mêlée d’admiration, non-seulement pour l’adresse qu’il avait déployée, mais encore pour le courage dont il avait fait preuve.

— Maintenant, continua le chef en terminant son rapport, le Moqueur a compris l’erreur à laquelle l’avait entraîné une haine aveugle ; il rompt l’alliance qu’il avait contractée avec les Apaches, et est résolu d’obéir en tout à son père la Tête-d’Aigle, afin de racheter sa faute. La Tête-d’Aigle est un sachem, sa parole est de granit ; il met trois cents guerriers comanches à la disposition de ses frères les visages pâles.

Le comte de Lhorailles regarda le Canadien avec hésitation : connaissant la fourberie des Indiens, il lui répugnait de se confier à eux.

Belhumeur haussa imperceptiblement les épaules.

— Le grand chef pâle remercie mon frère la Tête-d’Aigle, dit-il ; il accepte son offre avec joie. Toujours sa main sera ouverte, et son cœur pur pour les