Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’étaient, pendant quelques secondes, posées sur les bords de la frêle embarcation, sans que, par un hasard providentiel, les maîtres de ces mains eussent songé à jeter un regard dans l’intérieur de la pirogue.

Toutes ces réflexions et bien d’autres encore, le pauvre Cucharès les faisait couché en apparence fort confortablement au fond de la pirogue, doucement balancé par les flots, et voyant défiler au-dessus de sa tête les étoiles brillantes du firmament. Les traits crispés par la terreur, la face blêmie, tenant convulsivement serrée dans chaque main la crosse d’un pistolet, se recommandant mentalement à son saint patron, il attendait la catastrophe que chaque minute qui s’écoulait rendait plus imminente.

Il n’attendit pas longtemps.



XIV

Une Ruse indienne.

Parmi les nations indomptées qui errent dans les vastes déserts compris dans le delta formé par le rio Gila, le rio del Norte et le Colorado, deux se sont arrogé la souveraineté sur les autres : ces deux nations sont les Apaches et les Comanches.

Ennemies irréconciliables, sans cesse en guerre l’une contre l’autre, ces deux nations se réunissent cependant et s’unissent dans une haine commune contre les blancs ou tout ce qui appartient à cette race abhorrée.