mense ; les flammes ondulaient et couraient comme les flots de la mer, tordant et coupant les arbres les plus gros comme des fétus de paille.
De l’épâis rideau de fumée couleur de cuivre rouge qui précédait l’incendie, s’échappaient à chaque instant des bandes de coyotes, de bisons et de jaguars qui, affolés de terreur, se précipitaient dans le fleuve en poussant des rugissements et des cris assourdissants.
Don Martial et le lepero mirent leurs chevaux à la nage.
Les nobles bêtes, poussées par leur instinct, s’élancèrent dans la direction de l’autre rive du fleure.
Cette partie du désert formait un étrange contraste avec celle que les deux hommes abandonnaient ; celle-ci paraissait une fournaise immense où tout était rumeurs vagues, cris de détresse, d’angoisse et de terreur ; mer de feu, avec sa houle et ses lames grandioses, dont la dévorante activité engloutissait tout sur son passage, franchissant les vallons, escaladant les montagnes, et, du même coup, réduisant en cendres impalpables les produits du règne végétal et ceux du règne animal.
Le Gila, à cette époque de l’année, gonflé par les pluies qui tombent dans la Sierra, avait atteint une largeur double de celle qu’il a pendant l’été ; alors son courant devient fort et souvent dangereux à cause de sa rapidité ; mais, au moment où les deux aventuriers le traversaient, les nombreux animaux qui, en masse serrée, cherchaient en même temps à le franchir, avaient si bien rompu sa force, qu’ils exécutèrent la traversée d’une rive à l’autre dans un espace de temps comparativement fort court.