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Canadien répondit par un signe d’assentiment ; un éclair de joie illumina le visage sombre du Tigrero, qui fit signe à Cuecharès de le suivre, et quitta le bivouac.

Quelques minutes p|us tard, don Martial et le lepero, tous deux à cheval, traversaient à la nage l’espace qui les séparait de la terre ferme.

Le capataz les aperçut au moment où ils allaient aborder.

Il poussa un cri d’étonnement.

— Eh ! mais, s’écria-t-il, le Tigrero nous quitte, il me semble ; où donc va-t-il ?

Belhumeur regarda le Mexicain de son air moitié figue et moitié raisin, et lui répondit avec un accent railleur :

— Qui sait ? peut-être va-t-il porter la réponse à la lettre qu’il a reçue par votre entremise.

— Ça ne serait pas impossible, reprit d’un air pensif le capataz, qui ne savait pas si bien dire.

En ce moment, le soleil se couchait dans des flots de pourpre et d’or bien loin à l’horizon derrière la cime neigeuse des hautes montagnes de la Sierra-Madre ; la nuit n’allait pas tarder à envelopper la terre de son noir linceul.



XIII

Course nocturne.

Les événements se multiplièrent tellement pendant le cours de cette unît, que nous sommes con-