Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez le digne homme, qui probablement n’avait pas le mot de l’énigme.

— En effet, dit-il, comme s’il cherchait à se souvenir, je crois me rappeler qu’il y a quelque temps…

— Là ! interrompit le capataz, vous voyez bien ; du reste, j’étais chargé de vous remettre une lettre aussitôt que je vous rencontrerais.

— Une lettre ? de qui ?

— Eh ! mais de ma maîtresse, je suppose.

— De doña Anita ?

— Et de qui donc ?

— Donnez, donnez vite ! s’écria le Tigrero avec agitation.

Le capataz la lui présenta ; don Martial la lui arracha plutôt qu’il ne la lui prit des mains, en rompit le cachet d’une main tremblante et la dévora des yeux.

Lorsqu’il en eut achevé la lecture, il la cacha dans sa poitrine.

— Eh bien, lui demanda le capataz, que vous dit ma maîtresse ?

— Pas autre chose que ce que vous m’avez dit vous-même, répondit le Tigrero d’une voix mal assurée.

Blas Vasquez secoua la tête.

— Hum ! cet homme me cache certainement quelque chose, murmura-t-il. Doña Anita m’aurait-elle trompé ?

Cependant le Tigrero marchait avec agitation, semblant rouler quelqu’important projet dans sa tête ; enfin, il s’approcha de Belhumeur qui fumait silencieusement, et se penchant à son oreille, il prononça quelques mots à voix basse auxquels le