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— Par quel hasard vous rencontrai-je ici, señor Francès ? dit-il, nous sommes encore bien loin du rendez-vous que vous-même m’avez assigné.

Et il salua avec courtoisie.

Don Luis lui rendit son salut.

— Nous sommes loin en effet du rendez-vous, répondit-il ; mais comme nous n’avons reconnu aucune piste des Apaches dans la prairie, nous avons jugé inutile de vous obliger à une longue traite ; je suis envoyé pour vous guider vers l’embuscade que nous avons choisie.

— Vous avez eu raison. Avons-nous longtemps à marcher ?

— Non, un quart d’heure à peine ; nous allons à cet îlot que vous devez apercevoir d’ici, en vous haussant sur vos étriers, ajouta-t-il, en étendant le bras dans la direction de l’île.

— Eh ! fit le capataz, le poste est bien choisi ; de là on commande le fleuve.

— Aussi, est-ce pour cela que nous nous sommes établis dans cette position.

— Veuillez donc nous servir de guide, señor Francès, nous vous suivons.

Le détachement se remit en marche, Ainsi que l’avait annoncé don Luis, un quart d’heure plus tard, le capataz et ses quarante peones étaient campés sur l’îlot avec les cinq aventuriers, si bien masqués par les herbes et les palétuviers que, des deux rives du fleuve, il était impossible de les apercevoir.

Aussitôt que le capataz eut rempli ses devoirs de chef de détachement, il vint s’asseoir au feu du bi-