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de rien à mon père ; vous savez comme il est bon ; il voudrait me faire ce cadeau, je tiens à payer cette bagatelle sur mes économies de jeune fille.

Le capataz se mit à rire d’un air entendu. Le digne homme était heureux d’être de moitié dans un secret, si mince qu’il fût, avec son enfant chérie, ainsi qu’il nommait sa jeune maîtresse.

— C’est convenu, dit-il, je serai muet.

La jeune fille lui fit un signe d’amitié, et se retira joyeuse.

Que signifiait cette lettre ? pourquoi l’écrivait-elle ?

Nous le saurons bientôt.

La journée s’écoula tout entière à l’hacienda sans nouveaux incidents ; seulement le comte de Lhorailles chercha à plusieurs reprises à avoir avec la jeune fille une conversation que celle-ci mit constamment tous ses soins à éviter.

Blas Vasquez prit en sortant de l’hacienda la route de Guaymas, et, faisant doubler le pas à ses cavaliers, de crainte de surprise, il se plaça en tête de sa troupe.

À peine avait-il disparu aux yeux des habitants de la colonie et s’était-il, l’espace de vingt minutes environ, enfoncé dans les hautes herbes, que soudain deux hommes, bondissant au milieu du sentier, arrêtèrent leurs chevaux à dix pas en face de lui.

De ces deux hommes, l’un était un Indien, tout le faisait voir ; l’autre, le capataz le reconnut du premier coup d’œil, c’était l’homme qui le matin était venu à l’hacienda.

Vasquez commanda d’un geste à la troupe de faire halte, et s’avançant seul au devant des étrangers :