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piller, avec des Européens qu’ils ne connaissaient pas encore.

Le comte n’eut donc aucune recommandation à leur faire pour les engager à tenir ferme ; il fut au contraire obligé de réprimer leur ardeur et de les prier d’être prudents, en leur promettant que bientôt il leur procurerait l’occasion de se rencontrer en rase campagne avec les Peaux-Rouges.

On n’a pas oublié sans doute que le gouvernement mexicain avait accordé au comte de Lhorailles la concession de Guetzalli, à la condition expresse de faire aux Apaches et aux Comanches une chasse sérieuse qui les rejetât à tout jamais loin des frontières mexicaines, qu’ils désolaient périodiquement depuis si longtemps.

C’est à cette condition de son traité avec le gouvernement que Monsieur de Lhorailles faisait allusion à ses soldats.

Dès que toutes les dispositions de défense furent prises, c’est-à-dire que les postes furent assignés à chacun, les armes et les munitions distribuées, le comte s’en rapporta pour les détails à ses deux lieutenants, le Basque Diego Léon et Martin Leroux, deux anciens soldats, sur lesquels il croyait pouvoir compter ; puis il songea à Blas Vasquez et à ses peones.

Il fallait, au cas probable où les Indiens auraient laissé des espions autour de la colonie, leur persuader que cette troupe se retirait réellement : pour cela, plusieurs mules furent chargées de provisions comme pour un long voyage ; puis le capataz, bien endoctriné, se mit en tête de sa troupe et sortit de la colonie la carabine sur la hanche.