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et leurs javelots, ou bien des pierres avec leurs frondes.

Reconnaissant alors, bien qu’un peu tard pour lui, que les Français étaient sur leurs gardes, le Moqueur, désespéré de l’échec qu’il avait éprouvé et des pertes sérieuses qu’il avait faites, ne voulut pas affaiblir davantage, par des tentatives inutiles, la confiance de ses guerriers. Il cacha son détachement sous le couvert de la forêt vierge et résolut d’attendre, pour faire un mouvement, le signal de l’Ours-Noir.

Don Luis avait suivi la Tête-d’Aigle. L’Indien, après plusieurs détours, l’amena presque en face de la batterie de l’isthme, à l’entrée d’un fourré épais de cactus, d’aloês et de floripondios.

— Mon frère peut mettre pied à terre, dit-il au Français, nous sommes arrivés.

— Arrivés, où cela ? demanda Louis en regardant vainement autour de lui.

Sans répondre le chef prit le cheval et l’emmena ; Louis, pendant ce temps, furetait de tous les côtés ; mais ses recherches n’aboutirent à rien.

— Eh bien, lui demanda la Tête-d’Aigle en revenant, mon frère a-t-il trouvé ?

— Ma foi non, chef, j’y renonce.

L’Indien sourit.

— Les visages pâles ont des yeux de taupes, dit-il.

— C’est possible ; dans tous les cas, je vous serais reconnaissant de me prêter les vôtres.

— Bon, mon frère verra.

La Tête-d’Aigle s’allongea sur le sol, Louis l’imita ; tous deux alors se glissèrent en rampant dans