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lez attaquer Guetzalli, l’appui de quatre cents guerriers comanches à la tête desquels je me mettrai.

À cette proposition, un frémissement de plaisir fit tressaillir l’assemblée.

— J’accepte avec joie la proposition de mon frère, s’écria l’Ours-Noir. Je dispose à peu près du même nombre de guerriers ; nos deux troupes suffiront, je l’espère, pour ruiner de fond en comble l’établissement des visages pâles. Demain, au lever de la lune, bous nous mettrons en route.

Les chefs se retirèrent.

L’Ours-Noir et le Moqueur demeurèrent seuls.

Ces deux chefs jouissaient d’une réputation égale, tous deux étaient adorés de leurs compatriotes. Ils s’examinèrent donc avec curiosité, car jusqu’à ce moment ils avaient toujours été ennemis et n’avaient jamais eu l’occasion de se voir autrement que les armes à la main.

— Je remercie mon frère de son offre cordiale, dit le premier l’Ours-Noir. Dans les circonstances où nous sommes, son secours sera pour nous très-avantageux ; mais une fois la victoire décidée, les dépouilles seront partagées également entre les deux nations.

Le moqueur s’inclina.

— Quel plan a formé mon frère ? demanda-t-il.

— Un plan fort simple. Les Comanches sont de redoutables cavaliers ; avec mon frère à leur tête, ils doivent être invincibles. Dès que la lune brillera dans le ciel, le Moqueur s’élancera avec ses guerriers et se dirigera vers Guetzalli, en ayant soin d’incendier la campagne en avant de son détachement, afin d’élever un rideau de fumée qui dis-