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dans une contrée riche et les a comblés de ses dons ; les visages pâles sont jaloux et cherchent continuellement à les voler et à les déposséder ; mais les Apaches sont des guerriers braves, ils sauront défendre leurs territoires de chasse et empêcher qu’ils soient foulés par ces vagabonds venus de l’autre côté du lac Salé sur des cases flottantes de la grande médecine[1].

Les chefs applaudirent chaleureusement ce discours, qui exprimait si bien les sentiments qui les agitaient et l’animosité dont ils étaient animés contre la race blanche, cette race conquérante et envahissante qui les rejette continuellement dans le désert, ne leur laissant même plus, l’espace nécessaire pour respirer et vivre tranquilles à leur guise.

— La grande nation des Comanches des lacs, celle qui s’intitule la reine des prairies, a député vers notre nation trois guerriers renommés. J’ignore le but de cette ambassade qui, je le crois, ne peut être que pacifique. Vous plaît-il, chefs de ma nation, de les recevoir et de les admettre à fumer le calumet de paix avec nous autour du feu du conseil ?

— Mon père est un guerrier très-sage, répondit la Petite-Panthère ; il sait, quand il le veut, deviner les pensées les plus cachées dans le cœur de ses ennemis ; ce qu’à fera sera bien fait ; les chefs de sa nation seront toujours heureux de régler leur conduite d’après les conseils qu’il daignera leur donner.

L’Ours-Noir jeta un regard circulaire sur l’as-

  1. Termes employés par les indiens pour désigner tout ce qu’ils ne peuvent expliquer.