Page:Aimard - La Grande flibuste, 1862.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

visitée dans ses plus grands détails, il connaît le nombre des visages pâles qui la défendent, et, lorsque l’heure sera venue d’y conduire ses guerriers, l’Ours-Noir saura retrouver la route.

Les chefs s’inclinèrent avec satisfaction.

— Cette grande case des blancs, continua l’Ours-Noir, est le seul obstacle sérieux que nous rencontrerons sur notre route, dans la nouvelle expédition que nous entreprenons.

— Les Yoris sont des chiens sans courage. Les Apaches leur donneront des jupons et leur feront préparer leur gibier, dit en ricanant la Petite-Panthère.

L’Ours-Noir secoua la tête.

— Les visages pâles de la grande case de Guetzalli ne sont pas des Yoris, fit-il ; un chef les a vus, ce sont des hommes. Ils ont pour la plupart les yeux bleus et les cheveux couleur de maïs mûr ; ils paraissent fort braves : que mes frères soient prudents !

— Et mon père ne sait pas quels sont ces hommes ? demanda un chef.

— L’Ours-Noir l’ignore ; on lui a dit là-bas, près du grand lac Salé, qu’ils habitaient un pays très-loin d’ici vers le soleil levant : voilà tout.

— Ces hommes n’ont donc ni arbres, ni fruits, ni bisons dans leur pays, qu’ils prétendent nous voler les nôtres ?

— Les visages pâles sont insatiables, reprit l’Ours-Noir ; ils oublient que, de même qu’aux autres hommes, le Grand-Esprit ne leur a donné qu’une bouche et deux mains ; tout ce qu’ils voient, ils le convoitent ; le Wacondah, qui aime ses fils rouges, les a fait naître