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— Marchons ! dit le chef.

La Petite-Panthère s’inclina une seconde fois et guida le chef à travers un sentier tracé au milieu des buissons ; bientôt ils arrivèrent à un jacal qui, dans l’esprit des Indiens, par sa grandeur, l’éclat des couleurs dont il était peint et la propreté, devait résumer l’idéal du confortable.

— Mon père est chez lui, dit la Petite-Panthère en soulevant respectueusement la fressada — couverture de laine — qui fermait le jacal, et en s’effaçant pour laisser passer l’Ours-Noir.

Celui-ci entra.

— Que mon frère me suive, dit-il.

La Petite-Panthère entra derrière lui et laissa retomber le rideau.

Cette habitation ne différât en rien de celles des autres Indiens ; un feu brûlait au milieu ; l’Ours-Noir fit signe à l’autre chef de s’asseoir sur un crâne de bison ; il en prit un lui-même et s’assit auprès du feu.

Après un moment de silence, employé par les deux chefs à fumer gravement, l’Ours-Noir s’adressa à la Petite-Panthère.

— Les chefs de toutes les tribus de notre nation sont-ils réunis dans l’île de Chole-Heckel, ainsi que j’en avais donné l’ordre ?

— Ils sont tous réunis.

— Quand doivent-ils se rendre dans mon jacal ?

— Ceci dépend de mon père ; ils attendent son bon plaisir.

L’Ours-Noir recommença à fumer silencieusement ; un laps de temps assez long, s’écoula ainsi.

— Il ne s’est rien passé de nouveau pendant