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parmi les femmes qui préparaient le repas du matin.

Mais l’Ours-Noir avait été reconnu aussitôt son arrivée, et chacun se ranogeait sur son passage en s’inclinant avec respect devant lui. Une chose que ne pourra croire un Européen, c’est ce respect que, sans exception, tous les Indiens professent pour leurs chefs. Pour ceux qui ont conservé les coutumes de leurs pères, et, dédaignant la civilisation européenne, ont continué à errer libres dans les savanes, ce respect s’est changé en fanatisme et presque en adoration.

Le cercle d’or orné de deux cornes de bison, placé sur le front de l’Ours-Noir, le faisait reconnaître de tous, et à son passage éclatait la joie la plus vive.

Il parvint enfin au bord du fleuve ; arrivé là, il fit signe à un homme qui péchait à peu de distance dans une pirogue ; celui-ci se rendit avec empressement à l’injonction qui lui était faite, et le chef passa dans l’île.

Une hutte en branchages avait été préparée pour lui.

Il est probable que des sentinelles invisibles guettaient son arrivée ; au moment où il mit pied à terre, un chef nommé la Petite-Panthère se présenta devant lui.

— Le grand chef est bien venu parmi ses fils, dit-il en s’inclinant avec courtoisie devant l’Ours-Noir ; mon père a-t-il fait un bon voyage ?

— J’ai fait un bon voyage, je remercie mon frère.

— Si mon père y consent, Je le conduirai au jacal — hutte en roseaux — construit pour le recevoir.