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à une île peu éloignée, nommée Chole-Heckel, qui était un des postes avancés des Apaches, sur la frontière mexicaine.

L’Ours-Noir atteignit l’île au point du jour.

En cet endroit, le rio Gila a sa plus grande largeur ; chacun des bras formés par l’île est à peu près de deux kilomètres.

L’île qui s’élève au milieu de l’eau, comme une corbeille de fleurs, a trois kilomètres de long environ sur la moitié d’un de large, et n’est qu’un immense bouquet d’où s’exhalent les plus suaves odeurs et les chants mélodieux des oiseaux qui babillent en nombre incalculable sur toutes les blanches des arbres dont elle est couverte.

Éclairé ce jour-là par les splendides rayons d’un puissant soleil, ce lieu avait un aspect étrange et inusité qui saisissait fortement l’imagination.

Aussi loin que la vue pouvait s’étendre dans l’île et sur les deux rives du Gila, on apercevait des tentes en peaux de bison, ou des huttes de feuillage pressées les unes contre les autres, et dont les couleurs bizarres frappées par le soleil fatiguaient les yeux.

De nombreuses pirogues faites de peaux de cheval cousues ensemble et rondes pour la plupart, ou bien creusées dans des troncs d’arbres, sillonnaient le fleuve dans tous les sens.

Les guerriers mirent pied à terre et rendirent la liberté à leurs chevaux, qui allèrent immédiatement se confondre avec une multitude d’autres.

Le chef s’engagea au milieu des huttes devant lesquelles flottaient au vent les banderolles de plumes et les scalps des guerriers renommés, passant