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— Sans indiscrétion, soyez assez bon pour me dire ce que c’est que Blas Vasquez, ainsi que vous le nommez, et que je n’ai nullement l’honneur de connaître.

— Blas Vasquez est mon capataz, un homme de a caballo sur lequel, dans l’occasion, je puis compter comme sur moi-même.

— Eh bien, tout est pour le mieux alors, cela simplifie singulièrement la question.

— Je n’y suis plus du tout, moi, dit le comte.

— Vous allez voir, reprit Louis.

— Je ne demande pas mieux.

— Votre capataz, auquel vous donnerez vos instructions, se mettra à la tête des peones d’ici à une heure et prendra ostensiblement la route de Guaymas ; mais arrivé à deux ou trois lieues, dans un endroit dont nous conviendrons, il arrêtera sa troupe, le reste nous regarde, mes amis et moi.

— Oui, je comprends votre projet ; les peones cachés par vos soins attaqueront les Indiens par derrière, lorsque le combat sera engagé entre nous et eux.

— C’est effectivement mon projet.

— Mais les Apaches ?

— Eh bien ?

— Croyez-vous qu’ils laisseront ainsi, sans l’inquiéter, s’éloigner une troupe de blancs ?

— Les Indiens sont trop fins pour s’y opposer. À quoi leur servirait d’attaquer cette troupe qui n’emmène avec elle aucun bagage ? le combat ne leur profiterait pas et ferait deviner leur position. Non, non, soyez tranquille, caballero, ils ne bougeront pas ; ils ont, ou du moins, ignorant que vous êtes