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— Ainsi mon projet de pousser une reconnaissance au dehors…

— Est impraticable pour deux raisons : ou vos cavaliers, bien qu’entourés d’ennemis, n’en découvriraient pas un seul, ou ils seraient attirés dans une embuscade, où, malgré des prodiges de valeur, ils périraient jusqu’au dernier.

— Tout ce que dit monsieur est de la plus grande justesse ; il est facile de reconnaître qu’il a une grande expérience des guerres indiennes et qu’il s’est souvent mesuré avec les Indios bravos.

— Cette expérience m’a coûté mon bonheur, tous ceux que j’aimais ont été massacrés par ces féroces ennemis, répondit tristement don Luis ; redoutez le même sort, si vous n’avez pas la plus grande prudence. Je sais combien il répugne au caractère chevaleresque de notre nation de suivre une pareille marche ; mais, à mon avis, c’est la seule qui offre quelques chances de salut.

— Nous avons ici plusieurs femmes, des enfants, votre fille surtout, don Sylva ; il faut absolument la mettre à l’abri, non-seulement de tout danger, mais encore lui épargner la moindre inquiétude. Je me range donc à l’avis de monsieur, et suis déterminé à n’agir qu’avec la plus grande circonspection.

— Je vous en remercie pour ma fille et pour moi.

— Maintenant, monsieur, vous à qui nous devons déjà de si bons conseils, ne nous laissez pas ainsi, complétez votre œuvre. À ma place, que feriez-vous ?

— Monsieur, répondit sérieusement Louis, voici mon avis : les Apaches vous attaqueront pour certaines