que, ajouta-t-il avec un soupir étouffé, il y ait près de dix ans que j’aie quitté notre pays, c’est toujours pour moi une joie bien grande lorsqu’il m’est possible de parler ma langue.
L’expression du visage du comte avait complètement changé en écoutant ces paroles.
— Oh ! reprit-il avec effusion, laissez-moi serrer votre main, monsieur ; deux Français qui se rencontrent sur cette terre lointaine sont frères ; oublions un instant l’endroit où nous sommes et parlons de la France, cette chère patrie dont nous sommes si éloignés et que nous aimons tant
— Hélas ! monsieur, répondit Louis avec une émotion contenue, je serais heureux d’oublier quelques instants ce qui nous entoure pour réveiller les souvenirs de notre commune patrie ; malheureusement le moment est grave, de grands dangers vous menacent, le temps que nous perdrions ainsi pourrait causer d’épouvantables catastrophes,
— Vous m’effrayez, monsieur. Que se passe-t-il donc ? qu’avez-vous de si terrible à m’annoncer ?
— Ne vous l’ai-je pas dit, monsieur, je suis un messager de mauvaises nouvelles.
— Qu’importe ! dites par vous, elles seront les bien venues ; dans la situation où je me trouve placé dans ce désert, ne dois-je pas toujours m’attendre à un malheur ?
— J’espère pouvoir vous aider à prévenir le péril qui plane aujourd’hui sur vous.
— Merci, d’abord, pour votre fraternelle démarche, monsieur ; maintenant, parlez, je vous écoute ; quoi que vous m’appreniez, je saurai l’entendre.
Don Luis, sans révéler au comte sa rencontre avec