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— Qu’il vienne, dit-il, c’est un ami.

Le lieutenant se retira.

Dès qu’il fut seul, le comte recommença sa promenade.

— Que peut me vouloir cet homme ? murmura-t-il ? lorsque au Rancho j’ai offert à lui et à son ami de m’accompagner ici, tous deux ont refusé. Quelle raison les a fait si promptement changer d’avis ? Bah ! à quoi bon chercher, ajouta-t-il en entendant le pas d’un cheval résonner dans le patio intérieur. Je vais le savoir.

Presque aussitôt don Louis parut, conduit par le lieutenant, qui, sur un signe du comte, sortit immédiatement.

— Quel heureux hasard, dit gracieusement Monsieur de Lhorailles, me procure l’honneur d’une visite à laquelle j’étais si loin de m’attendre ?

Don Luis rendit poliment le salut qui lui était fait et répondit :

— Ce n’est pas un heureux hasard qui m’amène. Dieu veuille que je ne sois pas au contraire un émissaire de malheur !

Ces mots firent froncer le sourcil au comte.

— Que voulez-vous dire, señor ? demanda-t-il avec inquiétude, je ne vous comprends pas.

— Vous allez me comprendre. Mais parlons français, si vous y consentez ; nous pourrons plus facilement nous entendre, dit-il, en abandonnant la langue espagnole, dont jusque là il s’était servi.

— Eh quoi ! s’écria le comte avec étonnement, vous parlez français, monsieur ?

— Oui, monsieur, répondit Louis, d’autant plus que j’ai l’honneur d’être votre compatriote. Bien