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se laissa tomber ; d’un chêne-acajou, à trois pas à peine de l’endroit où ils se trouvaient.

Cet homme portait le costume mexicain.

— Venez, chef, dit-il à mi-voix, sans cependant s’aventurer sur la plage, venez ; nous sommes seuls.

L’individu sortit de l’eau en rampant et rejoignit l’homme qui l’attendait.

— Mon frère parle trop haut, dit-il ; dans le désert, on n’est jamais seul ; les feuilles ont des yeux, les arbres des oreilles.

— Bah ! ce que vous me dites là n’a pas le sens commun ; qui diable voulez-vous qui nous espionne ? À part vos guerriers qui sont probablement cachés aux environs, nul ne peut nous voir ni nous entendre.

L’Indien secoua la tête.

Maintenant qu’il était sur le sol, à quelques pas seulement des aventuriers, Belhumeur reconnut que la Tête-d’Aigle ne s’était pas trompé, et que cet homme était bien réellement l’Ours-Noir.

Les deux hommes demeurèrent un instant silencieux en face l’un de l’autre.

Ce fut le Mexicain qui se décida à parler le premier.

— Vous avez bien manœuvré, chef, dit-il d’une voix insinuante ; je ne sais pas comment vous vous y êtes pris, mais vous êtes parvenu à vous introduire dans la place ?

— Oui, répondit l’Indien.

— Maintenant, nous n’avons plus à prendre que nos derniers arrangements ; vous êtes un grand chef dans lequel j’ai la plus entière confiance ; voilà ce que je vous ai promis ; je ne devrais vous payer