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chevaux que j’entendis à une courte distance m’obligea, afin de ne pas être découvert, à me cacher dans un fourré de mangliers et de floripondios ; lorsque je fus à l’abri d’une surprise, je regardai : une troupe de visages pâles passa à une portée de flèche de moi, se dirigeant vers Guetzalli.

— Je sais ce que c’est, fit Belhumeur ; après ?

— J’ai reconnu, malgré le soin avec lequel il avait cherché à se rendre méconnaissable, l’homme qui servait de guide à cette caravane ; alors j’ai deviné le projet infernal formé par les chiens apaches.

— Et cet homme, quel est-il ?

— Cet homme, mon frère le connaît : c’est Wahsho-chegorah — l’Ours-Noir — le principal chef de la tribu du Corbeau-Blanc.

— Si vous ne vous êtes pas trompé, chef, il va se passer avant peu ici des choses horribles ; l’Ours-Noir est l’ennemi implacable des blancs.

— Voilà pourquoi j’en ai parlé à mon frère. Après cela, que nous importe ? dans le désert, chacun a assez à faire de veiller sur soi-même, sans aller encore s’occuper des autres.

Le Canadien secoua la tête.

— Oui, ce que vous dites est vrai, répondit-il ; nous devrions peut-être abandonner les habitants de l’hacienda à leur sort et ne pas nous mêler de choses qui peuvent nous causer de grands ennuis.

— Avez-vous donc l’intention d’agir ainsi ? demanda vivement le Français.

— Je ne dis pas cela positivement, reprit le Canadien, mais le cas est difficile ; nous aurons affaire à de nombreux ennemis.