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quites mélangés de quelques cèdres-acajous, de cotonniers sauvages et d’arbres du Pérou, une heure avant le coucher du soleil, un cavalier mit pied à terre, entrava son cheval, magnifique mustang à l’œil étincelant et à la fière encolure ; puis, après avoir jeté autour de lui un regard investigateur, satisfait probablement du silence profond et de la tranquillité qui régnaient à cet endroit, il fit ses dispositions pour camper.

Cet homme avait passé la moitié de la vie ; c’était un guerrier indien de haute taille, revêtu du costume comanche dans toute sa pureté. Bien qu’il parût avoir soixante ans, il semblait doué d’une grande vigueur et aucun signe de décrépitude ne se laissait voir sur ses membres musculeux et sur son visage aux traits intelligents ; la plume d’aigle plantée au milieu de sa touffe de guerre le faisait reconnaître pour un chef.

Cet homme était la Tête-d’Aigle, le chef comanche avec lequel le lecteur a fait connaissance dans un précédent ouvrage[1].

Après avoir placé son rifle auprès, de toi, il ramassa du bois sec et alluma du feu ; ensuite il jeta quelques mètres de tasajo sur les charbons avec plusieurs tortillas de maïs, et tous ces préparatifs d’un souper confortable terminés, il remplit son calumet, s’accroupit auprès du feu et se mit à fumer avec ce calme placide qui, dans aucune circonstance, n’abandonne les Indiens.

Deux heures s’écoulèrent ainsi paisiblement, sans que rien vint troubler le repos dont jouissait le chef.

  1. Les Trappeurs de l’Arkansas, 1 vol. in-12, Amyot, éditeur.