tie rougir, et s’était vivement rejetée en arrière en laissant retomber les rideaux du palanquin.
— Oh ! répondit le comte en s’inclinant avec courtoisie, depuis hier au soir il m’est arrivé certaines choses que je vous raconterai, don Sylva ; choses qui vous surprendront, j’en suis convaincu ; mais à présent, ce n’est pas le moment d’entamer une telle histoire.
— Comme vous le jugerez convenàble, mon ami. Ah ! ça, que faites-vous, partez-vous ? restez-vous ?
— Je pars ! je pars ! En m’arrêtant ici, mon but était seulement de vous attendre ; si vous y consentiez, nous voyagerions ensemble : au lieu de vous précéder à Guetzalli, nous y arriverons de compagnie, voilà tout.
— Je ne demande pas mieux. En route, ajouta-t-il, en faisant signe au capataz.
Celui-ci, voyant son maître en conversation avec le comte, avait fait halte. La caravane repartit.
Le Rancho de San José fut bientôt traversé ; ce fut alors seulement que le voyage commença réellement.
Le désert s’étendait devant les voyageurs, s’allongeant en plaines sablonneuses sans fin, où, sur le sol jaunâtre, une longue ligne tortueuse formée par les os blanchis des mules et des chevaux qui ont succombé, montre la route qu’il faut suivre pour ne pas s’égarer.
À deux cents pas environ en avant de la caravane, un homme trottait nonchalamment accroupi sur un âne étique, se dandinant adroite et à gauche, à moitié endormi par les rayons incandescents du soleil qui tombaient verticalement sur sa tête nue.