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glaciale produite sur lui par l’abondante rosée du désert, ramena en frissonnant les plis de son zarapé sur ses épaules, et repartit au galop en lançant un regard vers le ciel et en murmurant :

— Oh ! je réussirai quand même !

Orgueilleux défi auquel le ciel sembla vouloir immédiatement répondre.

Bien que le jour fût sur le point de se lever, et justement pour cela, la nuit, à cause de sa lutte avec le crépuscule était devenue plus sombre, comme cela arrive toujours pendant les quelques minutes qui précèdent l’apparition du soleil.

Les premières maison du Rancho de San José commençaient à dessiner dans la brume leurs blanches silhouettes perdues dans un flot de vapeurs, à peu de distance devant lui, lorsque le comte entendit ou crut entendre derrière lui résonner sur les cailloux du chemin le pas pressé de plusieurs chevaux.

En Amérique, la nuit, sur une route solitaire, la présence de l’homme annonce toujours ou presque toujours un danger.

Le comte s’arrêta et prêta l’oreille ; le bruit se rapprochait rapidement.

Le Français était brave, dans maintes circonstances il l’avait prouvé ; seulement il ne se souciait nullement d’être assassiné au coin d’un chemin, et de mourir misérablement dans une embuscade.

Il regarda autour de lui, afin de se rendre bien compte des chances de salut qui s’offraient à lui, au cas probable où les survenants seraient des ennemis.