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celles dont Dieu a affligé le genre humain, était peut-être le seul point par lequel le comte tint encore à l’humanité.

L’ambition était chez lui portée à un tel point, depuis quelques mois surtout, elle avait pris de si immenses développements, qu’il lui aurait tout sacrifié.

Maintenant, quel était le but de l’ambition de cet homme ? quel avenir rêvait-il ? C’est ce que probablement plus tard nous pourrons dans les plus grands détails expliquer au lecteur.

Le comte se coucha, c’est-à-dire qu’après s’être enveloppé avec soin dans son zarapé, il s’étendit sur le cadre à fond de cuir qui, dans tout le Mexique, remplace les lits, dont l’existence est complétement ignorée.

Aussitôt couché, il s’endormit avec cette conscience de l’aventurier dont chaque heure est prise d’avance, et qui, n’ayant que peu d’instants à se livrer au repos, se hâte d’en profiter et dort, comme disent les Espagnols, à pierna suelta, ce que nous pouvons traduire à peu près par dormir à poings fermés.

À une heure du matin, ainsi qu’il se l’était promis, le comte se réveilla, alluma le cebo qui lui servait de luminaire, remit un peu d’ordre dans sa toilette, visita avec soin ses pistolets et sa carabine, s’assura que son sabre sortait facilement du fourreau ; puis ces divers préparatifs, indispensables à tout voyageur soucieux de sa sécurité, terminés, il ouvrit la porte du cuarto et se dirigea vers le coral.

Son cheval mangeait à pleine bouche et terminait