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LA FIÈVRE D’OR.

caleçons de même étoffe que la blouse lui tombaient un peu au dessous du genou, le bas de ses jambes était garanti des piqûres des reptiles par des tuyaux de cuirs attachés au genou et à la cheville ; il portait aux pieds des moksens artistement travaillés, et garnis par derrière de plusieurs queues de loup, marque de distinction qui n’est permise qu’aux guerriers renommés ; ses cheveux, nattés, étaient relevés de chaque côté de la tête, tandis que par derrière ils tombaient jusqu’au bas de son dos et étaient entremêlés de plumes de toutes couleurs ; il avait pendu au cou plusieurs médailles, au nombre desquelles s’en trouvait une plus grande que les autres, représentant tant bien que mal le général Jackson, ancien président de l’Union américaine. Le visage de cet homme était peint de quatre couleurs différentes : bleu, noir, blanc et rouge.

Dès qu’il fut en présence des chasseurs assis devant le feu, il croisa les bras sur sa poitrine, redressa fièrement la tête, et attendit, impassible, qu’il leur plût de lui adresser la parole.

— Qui es-tu ? lui demanda don Luis en espagnol.

— Mixcoatzin[1].

— Hum ! murmura à part lui Valentin, le coquin est bien nommé ; jamais je n’ai vu aussi ténébreuse face que la sienne.

— Que voulait Mixcoatzin dans mon camp ? reprit Louis.

— Le yori[2] ne le sait-il pas ? répondit im-

  1. Le Serpent de nuage : de mixtli, nuage, et coati, serpent.
  2. Nom que les Indiens de la Sonora donnent aux blancs.