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LA FIÈVRE D’OR.

de ce sable fin des plages américaines, qui entre dans les yeux, les narines et les oreilles, sans qu’on puisse s’en garantir.

Le soleil se plongeait dans la mer sous la forme d’une grosse boule de feu ; il ventait grand frais ; au loin, sur l’azur du ciel, apparaissaient quelques voiles blanches qui, comme de légers alcyons redoutant la tempête, se hâtaient de gagner San-Francisco ; les coyotes commençaient à aboyer avec fureur dans la plaine, et les quelques oiseaux tapis çà et là sur les branches, mettaient la tête sous l’aile et se préparaient à dormir.

Les feux furent allumés, les bestiaux parqués, et après avoir soupé, chacun se hâta à réparer, par quelques heures d’un repos indispensable, les fatigues d’une longue journée de marche sous un ciel torride.

— Dormez, dit Louis, je ferai la première veille, celle des paresseux, ajouta-t-il en souriant.

— Je prendrai donc la seconde, répondit Valentin.

— Non, fit Curumilla, moi je la prendrai. Les yeux d’un Indien voient clair dans la nuit.

— Hum ! reprit le chasseur, il me semble que ma vue n’est pas mauvaise, pourtant.

Curumilla, sans répondre, posa son doigt sur sa bouche.

— C’est bon, reprit le chasseur, puisque vous le voulez, veillez donc à ma place, chef. Seulement, lorsque vous serez fatigué, vous me réveillerez.

L’Indien baissa affirmativement la tête.

Les trois hommes s’enveloppèrent dans leurs za-