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LA FIÈVRE D’OR.

compagnon ; j’espère que nous deviendrons amis avant peu, et pour vous prouver que j’en ai fermement le désir et en même temps, pour exciter votre confiance, je commencerai à vous faire connaître qui je suis, ce qui ne sera pas long.

— Dites donc, je vous en prie.

L’inconnu repassa alors son revolver à sa ceinture, fit deux ou trois pas en avant, ôta de la main gauche son large chapeau dont la longue plume balaya la terre et saluant respectueusement son interlocuteur.

— Señor caballero, dit-il avec une grâce et une politesse infinie, je me nomme don Cornelio Mendoza de Arrizabal, gentilhomme des Asturies, noble comme le roi et gueux en ce moment comme Job de bohémienne mémoire ; les quelques novillos (jeunes taureaux) couchés autour de moi sont ma propriété et celle de mon associé absent, quant à présent, à la recherche de quelques membres égarés de notre commun troupeau, mais que j’attends d’un instant à l’autre. Ces animaux ont été achetés par nous à Los Angeles, nous les conduisons à San-Francisco, avec l’intention de les vendre de notre mieux aux chercheurs d’or et autres aventuriers réunis dans cette ville fantastique.

Après avoir prononcé ce petit discours, le jeune homme salua de nouveau, remit son chapeau sur sa tête, piqua la pointe de son sabre sur sa botte et attendit le pied en avant et le poing sur la hanche.

Valentin l’avait écouté attentivement, et lorsqu’il avait parlé de son associé un éclair de joie avait brillé dans ses yeux.