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LA FIÈVRE D’OR.

vous avancez, je suis résolu à ne pas bouger d’ici.

Curumilla se pencha vers lui, et lui montrant un objet d’assez petite dimension qu’il tenait à la main.

— Regardez, dit-il.

— Eh ! fit Valentin avec étonnement, après avoir soigneusement examiné l’objet que lui avait remis son compagnon, que diable est-ce là ? Eh ! mais, reprit-il presque aussitôt, comment ne l’ai-je pas reconnu de suite ? C’est un porte-cigare et fort beau, ma foi ; il y a même, si je ne me trompe, encore un cigare dedans.

Il demeura un instant pensif.

— Il est vrai, reprit-il, qu’il y a bien longtemps que je n’ai vu ces produits luxueux de la civilisation, que j’ai reniés, pour mener la vie d’un franc chasseur. Où avez-vous trouvé cela, Curumilla ?

— Ici, répondit-il en étendant le bras.

— Bon ! le propriétaire de cet étui ne doit pas en effet être fort loin de nous, poussons donc en avant.

Il cacha le porte-cigare, et les deux cavaliers reprirent leur route.

Après avoir traversé la clairière, la sente dans laquelle ils s’engagèrent, après s’être encore rétrécie la longueur d’un mille à peu près, commença peu à peu à s’élargir, et bientôt, grâce à quelques rayons de lune qui les éclairèrent, ils reconnurent que cette sente était foulée par un grand nombre d’animaux à pieds fourchus qui à droite et à gauche, avaient froissé les buissons et brisé les branches : ces traces étaient toutes fraîches encore.

— Allons, fit gaiement Valentin, j’avais tort tout à l’heure, Curumilla ; nous étions bien réellement