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LA FIÈVRE D’OR.

lut pas abandonner, el Buitre échappa cette fois encore au garote.

Les salteadores avaient dans cette échaufourée perdu les deux tiers de leurs compagnons.

Lorsque le calme fut rétabli et que les bandits eurent complétement disparu, don Sébastian remercia chaleureusement les deux aventuriers du secours qu’ils lui avaient porté si à propos.

Don Luis reçut poliment, mais très-froidement, les avances du colonel, se bornant à lui dire que s’il avait été assez heureux pour lui sauver la vie, il trouvait sa récompense dans son propre cœur, et que cela lui suffisait ; mais, malgré les vives instances du colonel, il refusa de lui faire connaître qui il était, alléguant pour seule raison qu’il allait quitter pour toujours le Mexique, et qu’il ne voulait pas le charger d’un fardeau aussi lourd que la reconnaissance.

À cette parole, doña Angela s’approcha de don Luis, et avec un sourire de doux reproche :

— Il est tout naturel, lui dit-elle, que vous qui nous avez sauvé la vie, vous l’oubliez ou du moins n’y attachiez qu’une minime importance ; mais mon père et moi nous en conserverons un éternel souvenir.

Et avant que don Luis pût s’y opposer, la charmante enfant bondit comme une jeune biche, lui jeta les bras autour du cou et lui présentant son front pur et encore un peu pâle :

— Embrassez-moi, mon sauveur, lui dit-elle avec des larmes dans la voix.

Le comte, ému malgré lui par cette action d’une si naïve franchise, déposa un respectueux baiser