Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
40
LA FIÈVRE D’OR.

— Allons ! qu’on en finisse !

Malgré ses cris et ses supplications, l’hôtelier fut saisi et emmené par ses gardiens, au milieu des rires et des sarcasmes des bandits, que le spectacle promis par le capitaine mettait en joie.

— Arrêtez ! s’écria tout à coup l’hôtelier, je crois avoir sur moi un peu d’argent.

— Non ! non ! s’écrièrent les salteadores, qu’il donne tout ou bien l’orejada

El Garrucholo fit un geste.

L’ordre se rétablit.

— Voyons ? dit-il.

Le misérable poussa un soupir, et avec une difficulté extrême, après avoir fouillé dans toutes ses poches avec force protestations qu’il était ruiné de fond en comble, lamentations et protestations que les bandits écoutèrent avec une indifférence stoïque, il parvint enfin à compléter un peu plus de la moitié de la somme.

— Hum ! fit le lieutenant en empochant l’argent, ce n’est guère ; mais je suis bon diable. Tu n’as pas davantage ?

— Oh ! je vous le jure, excellence, fit-il en retournant toutes ses poches.

— Enfin, reprit philosophiquement el Garrucholo, à l’impossible nul n’est tenu, et puisque tu n’as que cela…

— Bien sûr ! fit l’autre, dont le visage se rasséréna et qui se crut sauvé.

— Eh bien ! continua le lieutenant, qu’il ne soit attaché que par une oreille ; il faut être juste.

Un éclat de rire immense de toute la troupe accueillit cette décision.