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LA FIÈVRE D’OR.

un indélébile stigmate sur cet odieux personnage.

Tout en lui annonçait le chacal à la suite, qui a toute la férocité du lion, sans en posséder ni la noblesse ni le courage.

La clairière que nous venons de décrire était un des principaux rendez-vous del Buitre, c’est-à-dire le Vautour, le redoutable bandit, qui, à cette époque, désolait l’État de Guadalajara. Les hommes réunis dans cette clairière composaient sa troupe, et les deux individus que nous avons décrits en dernier lieu étaient, le premier el Buitre lui-même, et le second, el Garrucholo, son lieutenant et son ami le plus cher.

Au moment où nous les mettons en scène, ces deux intéressants personnages étaient, ainsi que nous l’avons dit, engagés dans une conversation confidentielle.

Nous observerons, chose assez étrange, que cette conversation n’avait pas lieu en espagnol, mais en anglais.

— Hum ! fit el Garrucholo en aspirant une bouffée de tabac, qu’il rendit immédiatement par la bouche et les narines, que trouvez-vous donc de désagréable dans notre métier, John ? Je le trouve charmant, moi, au contraire ; ces dignes Mexicains sont doux comme des agneaux, ils se laissent dépouiller avec une patience sans égale, et vous conviendrez avec moi, mon cher, que nous gagnons plus à découdre les boutons de leurs calzoneras (pantalons) qu’à dévaliser le plus riche gentleman de là-bas.

— Tout cela est possible, mon ami, répondit el Buitre en jetant sa cigarette avec un geste d’impatience ; je ne vous dis pas le contraire. Certes, les