Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
328
LA FIÈVRE D’OR.

Il se tut un instant, aucune voix ne s’éleva pour lui répondre.

— Ah ! c’est ainsi, fit-il, eh bien ! écoutez-moi ; les mines vers lesquelles je vous conduis renferment des richesses incalculables ; ces richesses seront pour vous ; moi, je rien prendrai que ce que vous m’en donnerez ; vous-mêmes ferez ma part. M’accuserez-vous encore de vouloir vous dépouiller à mon profit ? Vous demandez de nouveaux officiers choisis par vous. Je ne consentirai jamais à une telle condition ; vos officiers sont des hommes dans la capacité desquels j’ai pleine et entière confiance ; ils conserveront leurs grades. Parmi vous il y a des hommes qui se sont faits lâchement les agens de mes ennemis pour nous perdre. Ces hommes appartiennent tous à la deuxième section ; qu’ils se fassent justice eux-mêmes et ne m’obligent pas à les chasser !

Les aventuriers, séduits et entraînés par les franches et loyales paroles de leur chef, se précipitèrent vers lui en poussant des hurras et des cris de joie.

La paix était faite, tout était oublié.

Les meneurs, éconduits si brusquement, profitèrent de l’enthousiasme général pour s’éclipser sans bruit et disparaître.

— Un courrier ! dit tout à coup Valentin.

Le comte se retourna vivement. Un lancero accourait à toute bride.

El senor conde ? demanda-t-il.

— C’est moi, répondit don Luis.

Le soldat lui tendit un pli cacheté.

Le comte le prit avec un indicible serrement de