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LA FIÈVRE D’OR.

mauvaises dispositions de la troupe. Celui-ci n’attacha pas grande importance aux observations du chasseur, persuadé qu’il était qu’après la manière vigoureuse dont il avait agi, les aventuriers n’oseraient pas se mutiner de nouveau.

Les prévisions de Valentin n’étaient que trop bien fondées ; le lendemain le commandant en eut la preuve, lorsqu’il voulut se remettre en marche.

Les aventuriers refusèrent tout net. Menaces, prières, rien n’y fit ; ils demeurèrent sourds à toutes les observations. Ce n’était plus de la mutinerie, c’était de la révolte.

Bientôt cette révolte se changea en anarchie complète.

Les fauteurs du désordre triomphaient ; malheureusement, ils ne parvinrent pas à décider leurs compagnons à retourner à Guaymas.

Par un dernier reste de ce sentiment du devoir qui n’abandonne jamais les soldats, les aventuriers ne voulaient pas abandonner le comte ; seulement ils revenaient aux premiers griefs qu’on leur avait suggères ; ils voulaient avoir la preuve que les mines existaient réellement, que leur chef avait une concession en règle et qu’il ne les avait pas trompés. En sus de ces réclamations, ils en ajoutaient une autre, qui compromettait complétement l’avenir de la compagnie, si on y acquiesçait. Ils voulaient que tous les officiers nommés par don Luis fussent cassés, et que, séance tenante, la compagnie eût la faculté d’en prendre d’autres à son choix, c’est-à-dire à l’élection.

Valentin leur fit observer qu’ils ne pouvaient rien faire en l’absence de leur chef ; qu’il fallait qu’ils attendissent son retour, sous peine de commettre une