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LA FIÈVRE D’OR.

Ces émissaires, convenablement stylés par les deux ennemis du comte, firent adroitement courir le bruit que don Luis avait sciemment trompé ses compagnons, que les mines de la Plancha de Plata n’existaient pas, qu’il n’avait obtenu aucune concession et que son but était tout différent de celui qu’il avait déclaré à ses compagnons.

Ces calomnies, d’abord faibles et pour ainsi dire honteuses de se manifester au grand jour, prirent en peu de temps de la consistance, et une grande fermentation se manifesta dans la compagnie.

Les officiers, justement inquiets de ce qui se passait, se réunirent en conseil et résolurent d’avertir le comte de l’état alarmant des choses et des dangers qui menaçaient l’expédition.

Le colonel Florès, comme délégué du gouvernement, assistait à ce conseil ; il fut d’avis d’expédier séance tenante un courrier au comte.

Ce courrier fut en effet expédié, mais intercepté presque aussitôt.

Ceci se passait le troisième jour après le départ du comte. L’officier auquel il avait laissé le commandement après son départ, rassuré par l’envoi du courrier et voulant mettre sa responsabilité à couvert en exécutant les ordres qu’il avait reçus, fit le quatrième jour au matin sonner l’assemblée et donna l’ordre du départ.

Des murmures éclatèrent de toutes parts, des cris et des vociférations se firent entendre, pendant quelque temps ce fut un désordre et un chaos inextricables.

Le colonel Florès était accouru à la nouvelle de ce qui se passait ; il insinua qu’il serait peut-être