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LA FIÈVRE D’OR.

L’inconnue se leva et sans se retourner une seule fois, d’un pas ferme et accéléré, elle franchit l’Alameda dans toute sa longueur, prit une petite rue habitée par les leperos et la population pauvre de la ville ; arrivée devant une maison d’apparence assez misérable, elle s’arrêta, ouvrit la porte avec une clé qu’elle tenait à la main et entra en ayant soin de laisser la porte ouverte derrière elle.

Le comte arriva un instant après et entra sans hésiter. Il se trouva dans d’épaisses ténèbres, et entendit avec un serrement de cœur la porte se fermer derrière lui.

— Il est évident que je suis dans un guêpier, pensa-t-il.

— Ne craignez rien, dit tout à coup une voix douce et mélodieuse presqu’à son oreille, vous n’avez rien à redouter, ces précautions ne sont pas prises contre vous.

L’accent affectueux et triste de cette voix rassura complétement le comte.

— Je ne crains rien, dit-il ; si j’avais eu peur d’une embûche, serais-je venu ?

— Écoutez, les moments sont précieux, je ne puis disposer que de quelques instants à peine.

— J’écoute.

— Vous avec des ennemis puissans, un surtout a juré votre perte. Prenez garde ! vous n’avez pas voulu servir ses projets et vous faire un agent de désordre, afin de l’aider à atteindre le but qu’il ambitionne, cet homme a résolu votre mort.

— Je méprise les menaces de cet homme, je le connais.

— Peut-être, je ne nomme personne ; du reste, il