Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
308
LA FIÈVRE D’OR.

mas, don Cornelio, à qui il croyait pouvoir se fier. Don Cornelio était absent, on le chercha sans pouvoir le trouver.

Ce nouveau contre-temps mit au comble l’impatience fébrile du comte ; il monta à cheval et partit dans l’intention d’explorer les environs de la ville, dans l’espoir secret de découvrir quelques traces de ses compagnons, ou du moins d’apprendre de leurs nouvelles.

Pendant les quatre heures qu’il galopa dans toutes les directions, il ne vit rien, il n’apprit rien ; il tourna bride en proie à une grande tristesse et à un profond découragement.

En approchant de sa maison, le bruit d’une jarana arriva jusqu’à lui ; il pressa le pas de son cheval.

Don Cornelio, assis nonchalamment sur un équipal (tabouret), sous le saguan (vestibule) de la maison, râclait sa guitare en chantant, selon sa coutume, son inévitable romance du roi Rodrigue.

En apercevant don Luis, l’Espagnol jeta son instrument loin de lui et se leva vivement en poussant un cri de joie.

— Enfin ! s’écria-t-il.

— Comment, enfin ? répondit le comte, je trouve l’exclamation curieuse, quand je vous cherche depuis ce matin sans pouvoir vous mettre la main dessus.

L’Espagnol sourit mystérieusement.

— Je le sais, dit-il, mais l’endroit n’est pas propice pour causer. Don Luis, voulez-vous me permettre de vous accompagner dans votre cuarto ?

— Avec le plus grand plaisir ; d’autant plus que moi aussi j’ai à vous parler.

— Alors, cela se trouve à merveille.