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LA FIÈVRE D’OR.

— Et bien ! senor conde, cette raison la voici : vous êtes un homme de beaucoup d’esprit, d’une vaste intelligence, en un mot, vous êtes véritablement un homme d’élite.

— Général, je vous en supplie…

— Je ne vous flatte pas, comte, je dis ce qui est ; malheureusement, bien que vous parliez l’espagnol avec une rare perfection, vous ne comprenez pas assez le mexicain pour que nous puissions jamais nous entendre.

— Ah ! fit le comte, sans ajouter un mot de plus.

— J’ai raison, n’est-ce pas, vous avez cette fois bien saisi le sens de mes paroles ?

— Peut-être, général, dirai-je en vous renvoyant l’expression dont vous vous êtes servi il y a un instant.

— Très-bien. Maintenant je crois que nous n’avons plus rien à nous dire.

— Quelques mots seulement.

— Parlez.

— Quoi qu’il arrive, général, en passant le seuil de cette porte, je ne me rappellerai pas un mot de cet entretien.

— Comme il vous plaira, comte ; nous n’avons rien dit que personne ne pût entendre.

— C’est vrai ; mais d’autres comprendraient peut-être différemment que moi. Il y a tant de façons d’interpréter les paroles !

— Oh ! les nôtres ont cependant, été bien innocentes !

— En effet ; j’espère, général, que nous ne nous quitterons pas ennemis.