Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
LA FIÈVRE D’OR.


XX

LE DESSOUS DES CARTES.


La pièce dans laquelle le général avait conduit le Comte était un cabinet de travail. Don Sebastian indiqua un siége au comte, et lui-même en prit un autre.

Il y eut un instant de silence entre les deux hommes ; ils s’examinaient avec soin. Tous deux avaient quitté, en passant le seuil de la porte du cabinet, la gaieté d’emprunt qu’ils affectaient sur leur visage, pour prendre une physionomie sévère et réfléchie plus en rapport avec les graves questions qu’ils allaient probablement débattre.

— J’attends, senor conde, dit enfin le général, qu’il vous plaise de vous expliquer.

— J’hésite à le faire, général, répondit don Luis.

— Vous hésitez, comte ?

— Oui, parce que dans ce que j’ai à vous dire, il y a des choses tellement délicates que je redoute presque de les aborder.

Le général se méprit au sens des paroles du comte, il ne pouvait comprendre l’exquise délicatesse qui les lui dictait.

— Vous pouvez parler sans crainte, lui dit-il, nul ne vous entendra ; les précautions ont été prises pour que rien de ce qui se dit dans ce cabinet ne transpire au dehors ; bannissez donc, je vous en prie, toute réserve, et expliquez-vous franchement.