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LA FIÈVRE D’OR.

— Oui, ma fille, je l’ai dit.

— Mais ils sont encore al puerto (au port), je pense.

— Ils y sont encore, oui ; mais il est probable que bientôt ils partiront.

— Pour les mines ?

— Non, pour retourner d’où ils viennent.

Doña Angela fronça imperceptiblement les sourcils, mouvement qui dénotait chez elle une grave contrariété et une grande préoccupation intérieure, et elle se tut.

— Tant mieux ! qu’ils s’en aillent, ces hérétiques, s’écria une des dames ; ces Anglais maudits ne viennent dans notre pays que pour nous dépouiller.

— C’est vrai, appuyèrent chaleureusement la plupart des autres.

— Du reste, quoiqu’on en dise, je soutiens, moi, qu’il sont laids à faire peur.

— Bah ! fit une jeune fille avec un délicieux mouvement de tête, j’aurais voulu en voir un, moi, un seul, simplement pour savoir à quoi m’en tenir là-dessus.

— Je crains bien, doña Redempcion, répondit en souriant le général, qu’il vous soit maintenant impossible de satisfaire votre curiosité.

— Tant pis, car ce doit être extraordinaire, un hérétique ! Sont-ils aussi laids que les Indios bravos ?

— Ce n’est pas la même chose.

— Ah ! et vous êtes certain, général, que je ne pourrai pas en voir ? Cela me contrarie.

— Je le regrette, señorita.

— Et moi aussi. Mais, j’y songe, Si l’un d’eux venait à Hermosillo ?