leurs paroissiens les portraits les plus exagérés, les gratifiant de cornes et de griffes, ainsi que doivent naturellement en avoir des suppôts de Lucifer.
Les Indiens, crédules comme tous les enfants, acceptèrent les yeux fermés toutes les bourdes qu’il plut aux moines de leur, débiter, et pour eux tout étranger devint un Anglais, c’est-à-dire un hérétique, un gringo.
La déclaration de l’indépendance, en permettant aux Mexicains de voir des étrangers de toutes nations, ne changea rien à leurs convictions : on ne détruit pas facilement un préjugé enraciné depuis des siècles. Ils continuèrent comme par le passé, à ne voir dans les étrangers que des Anglais, et, par conséquent, des hérétiques et des gringos : de là, cette haine sourde qui éclate chaque fois que l’occasion s’en présente et cette secrète horreur qu’ils éprouvent à la vue d’un Européen quelconque.
Sur le point de s’enfoncer avec sa compagnie dans l’intérieur du Mexique, de traverser des populations fanatiques, crédules et ignorantes, avec lesquelles il était important de vivre en paix et de ne donner aucun prétexte de rixe, il était du plus haut intérêt pour le comte de montrer par une preuve éclatante et irrécusable que les Français n’étaient pas des gringos, mais, au contraire, aussi bons catholiques que les Sonoriens.
Il accueillit donc favorablement la demande des magistrats, demande qui peut-être cachait un piége, et leur promit que non-seulement le canon tonnerait pendant tout le temps de la procession, mais que la compagnie serait heureuse d’escorter, officiers en tête, le Saint-Sacrement pendant tout le