Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
270
LA FIÈVRE D’OR.

De même que dans tous les autres centres de population au Mexique, à Guaymas chacun vit un peu à sa guise, faisant ce qui lui plaît, sans trop s’inquiéter des autorités ; cette liberté, ou plutôt cette licence, peut être avantageuse à une certaine partie de la population, mais elle est évidemment fort préjudiciable à l’autre, en ce sens que les coquins ayant la liberté entière de commettre toutes les mauvaises actions que le diable leur souffle incessamment à’ l’oreille, les honnêtes gens en sont réduits à se garder eux-mêmes, et à ne compter en aucune façon sur la protection d’une police problématique qui, lorsque par hasard elle existe, fait naturellement cause commune avec les bandits.

Le juez de lettras et l’alcade mayor avaient résolu dans leur sagesse de profiter du séjour des Français à Guaymas pour inspirer aux coquins de toute sorte dont la ville abonde une salutaire terreur. En conséquence, ils prièrent le comte de faire garder les principaux postes du pueblo par des hommes de sa compagnie et de vouloir bien organiser des patrouilles qui, la nuit, parcourraient les rues et veilleraient à la tranquillité des citoyens et à la sécurité publique.

Lorsqu’après bon nombre de circonlocutions les deux magistrats eurent enfin formulé leur demande, le comte leur répondit en souriant qu’il était tout à la disposition du gouvernement mexicain, et que s’ils croyaient son concours utile, ils pouvaient disposer de lui et de ses hommes comme bon leur semblerait ; qu’il serait toujours heureux de leur être agréable.

Les magistrats le remercièrent avec effusion, et,