Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LA FIÈVRE D’OR.

qu’il fut obligé de se faire violence pour ne pas leur laisser deviner l’effet qu’ils avaient produit sur lui.

Le comte cependant jugea prudent de feindre d’être leur dupe afin de profiter des fautes que la sécurité qu’il leur donnerait leur ferait commettre, et tirer d’eux tous les renseignements dont plus tard il pourrait avoir besoin.

Il répondit donc à leurs avances et à leurs offres de service avec une effusion et un laisser-aller si parfaitement joués qu’il parvint à tromper ces trompeurs émérites qui le crurent complétement leur dupe.

À peine le comte était-il arrivé en Sonora, il n’avait pas encore mis le pied à terre que déjà il lui fallait commencer son apprentissage de diplomate et lutter de ruses et de mensonges avec des gens chez lesquels il devait au contraire s’attendre à trouver la plus franche amitié et le dévouement le plus absolu, rude tâche pour un caractère aussi loyal et aussi foncièrement honnête que celui du comte ; mais le succès de l’expédition dépendait de son adresse et de la finesse avec lesquelles il déjouerait les piéges qui seraient incessamment tendus sous ses pas ; il le comprit, et bien qu’à contrecœur, il en prit son parti.

La raison d’État était toute puissante ; il fallait réussir.

Après avoir causé assez longtemps avec les deux hommes, le comte voyant que tout était enfin prêt pour descendre à terre, donna l’ordre du débarquement.

Immédiatement les aventuriers s’installèrent avec