Page:Aimard - La Fièvre d’or, 1860.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
19
LA FIÈVRE D’OR.

gnée jusque dans un cuarto, où il l’avait installée ; puis il était revenu en toute hâte rejoindre son maître, prévoyant que de la manière dont la scène se dessinait, son intervention ne tarderait pas à être nécessaire.

Le patio (cour) du meson offrait en ce moment un aspect des plus singuliers, à la lueur des torches de bois d’ocote attachées le long des murs dans les anneaux de fer :

D’un côté se tenait l’hôtelier et ses domestiques.

De l’autre les quatre valets de don Sébastian, la main sur leurs armes, et le joueur de guitare, sa jarana sur le dos et les mains croisées sur la poitrine.

Un peu à l’écart, les voyageurs et les arrieros arrivés précédemment, et au milieu, seul, les pistolets à la main, le colonel, les sourcils froncés et l’œil étincelant :

— Finissons-en, misérables ! reprit-il. Depuis assez longtemps vous rançonnez et insultez les voyageurs que la Providence vous envoie. Vive Dieu ! si vous ne me demandez pas à l’instant pardon de votre insolence, et si vous ne me servez pas avec toute la politesse que j’ai le droit d’exiger de vous, je vous inflige, séance tenante, une correction dont toute votre vie vous vous souviendrez !

— Prenez garde à ce que vous allez faire, mon maître ! répondit avec ironie le huesped. Vous voyez que j’ai du monde avec moi ; Si vous ne décampez pas au plus vite, tant pis pour vous ; j’ai des témoins, et le juez de letras (juge criminel) jugera.

— Tête de Dieu ! s’écria le colonel, voilà qui est trop fort et lève tous mes scrupules ! Ce misérable