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LA FIÈVRE D’OR.

milla, il les attira sur sa poitrine et les y pressa avec force en murmurant :

— Frères ! frères ! merci non-seulement pour moi, mais pour nos pauvres compatriotes que votre sublime dévoûment a sauvés de la misère et peut-être du crime.



XV

LE DÉPART.


Les émigrations françaises, en Amérique ou ailleurs, ont rarement, ou plutôt, pour être plus vrai, n’ont jamais réussi.

D’où cela provient-il donc ? Le Français est brave jusqu’à la témérité, intelligent, travailleur ; il rit et chante toujours, supportant avec la plus grande philosophie les plus rudes coups du sort et se confiant insoucieusement dans l’avenir. Tout cela est vrai ; mais le Français n’est pas colonisateur, c’est-à-dire qu’en tout, pour tout et partout, il est et demeure Français et ne veut pas être autre chose.

L’émigrant français, lorsqu’il quitte son pays, conserve toujours, non-seulement le désir, mais l’intention de le revoir un jour, tous ses efforts tendent à acquérir la somme nécessaire à retourner dans la ville ou le village où il est né ; n’importe où le hasard le mène, il se considère toujours comme voyageur et non comme habitant ; quelle que soit la position qu’il parvienne à se faire, ses yeux se