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LA FIÈVRE D’OR.

étaient riches, mais l’or qu’elles renfermaient ne pouvait être extrait qu’avec de grandes difficultés, de grandes fatigues et surtout de grandes dépenses : trois impossibilités que nos chercheurs d’or ne pouvaient vaincre.

Beaucoup périrent, soit de misère, soit de mort violente à la suite de querelles de cabaret, soit à cause du changement de climat, auquel ils n’avaient pas encore eu le temps de s’accoutumer. Ceux qui restaient, hâves et déguenillés, promenaient dans tous les mauvais lieux de San-Francisco leurs faces faméliques, prêts à tout faire pour la moindre somme d’argent qui pût endormir la faim canine qui les minait.

Cependant, aux premiers aventuriers en avait succédé d’autres, puis d’autres encore, d’autres toujours ; les quelques privilégiés de la fortune qui étaient parvenus à regagner l’Europe, riches en quelques mois, avaient naturellement éveillé la cupidité des innombrables déclassés de la civilisation, et San-Francisco, cette terre bénie du ciel, dont le climat est si beau et le sol si fertile, menaçait de devenir un vaste et lugubre cimetière.

Alors il arriva que quelques hommes entreprenants, voyant leurs illusions évanouies et reconnaissant que cet or qu’ils convoitaient si ardemment fuyait constamment devant eux sans que jamais ils pussent l’atteindre, tournèrent leurs regards d’un autre côté, et, désespérant de s’enrichir dans les mines, ils résolurent de s’emparer, l’épée d’une main et le révolver de l’autre, de ces richesses qu’il leur était impossible d’acquérir autrement ; c’est-à-dire, en deux mots, qu’ils ressuscitèrent, à leur pro-