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LA FIÈVRE D’OR.

Le colonel examina un instant le pauvre diable ; puis se rapprochant de lui :

— Je suis le colonel don Sébastian Guerrero de Chimalpos ; je voyage avec ma fille et quelques serviteurs. Faites-moi l’honneur de votre compagnie pour cette nuit ; demain nous nous séparerons, et nous tirerons chacun de notre côté.

L’inconnu hésita un instant, ses sourcils se froncèrent ; cependant, cette nuance de mécontentement disparut bientôt.

— Je suis un sot orgueilleux, répondit-il avec une affectueuse franchise ; la misère me rend tellement susceptible que je me figure toujours que l’on veut m’humilier. J’accepte votre gracieuse invitation aussi loyalement qu’elle m’est faite ; peut-être pourrai-je, avant peu, vous prouver ma reconnaissance.

Le colonel n’attacha pas grande attention à ces paroles, parce que, juste à ce moment, la cavalcade arrivait au meson de San-Juan, dont, depuis quelques instants, les fenêtres éclairées avaient révélé la proximité aux voyageurs.



II

EL MESON DE SAN JUAN.

On a beaucoup écrit sur la façon leste et inhospitalière dont les hôteliers espagnols et siciliens reçoivent les voyageurs que Dieu leur envoie.

Il est prouvé pour nous que ceux qui ont parlé ainsi de ces hôteliers ne connaissent pas même par